Perséphone

Rosa Campion, trente ans, a rejoint depuis peu la sémillante cohorte des jeunes entrepreneurs. Mais, si elle partage avec tout créateur de start-up les affres des problèmes de trésorerie, des recherches de financeurs et des changements d’échelle, son domaine à elle est singulier : son entreprise, Perséphone, œuvre dans la communication post-mortem.
Rien de métaphysique, d’irrationnel ni de vaguement new-age dans tout ça : Rosa est résolument, incurablement cartésienne. Ses clients, en prévision de leur décès plus ou moins proche, viennent donc enregistrer dans ses studios les messages vocaux qu’ils souhaitent voir transmis à leurs proches après leur mort.
Rosa croit dur comme fer qu’un passage est possible, souhaitable entre le monde des morts et celui des vivants ; que la voix, cet instrument si unique, si intime, est le meilleur canal pour emprunter ce passage et pour garder le lien. Pourtant Perséphone, en butte au déni de la mort qui caractérise notre société ou aux tentatives de récupération des charlatans, peine à trouver son équilibre.
Le jour où, à la veille d’une levée de fonds décisive, la base de données de Perséphone est piratée, et où un certain Hadès menace de diffuser les enregistrements de ses clients, l’existence de la jeune entrepreneuse bascule… Secondée par son acolyte Ulysse, elle se lance dans une enquête qui lui fait croiser la route de Grégoire, un informaticien très loin de partager sa passion pour la transmission post-mortem. Mais la raison peut-être vraiment avoir le fin mot de notre rapport à la mort ? Et le fait que Rosa soit elle-même orpheline depuis ses six ans peut-il réellement, comme elle aimerait le croire, être étranger à son singulier projet ?
Caroline Bouffault, après Thelma (mention du public du prix Hors Concours 2023), livre avec Perséphone une comédie particulièrement réussie. Elle fait preuve de son talent à traiter des sujets graves avec humour et légèreté, et manie à merveille le passage du rire aux larmes…